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Si les besoins en eau du maïs sont bien connus, les dérogations aux restrictions délivrées au compte-gouttes ne permettent pas toujours d'irriguer aux bons moments.
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Dans le cas de volumes d'eau limités comme cette année, il faut éviter d'irriguer comme d'habitude et à l'inverse de trop limiter l'apport dès le début.
Entre les restrictions d'usage qui devraient se multiplier et la diminution des volumes prélevables (voir le tableau ci-contre), la stratégie d'irrigation doit être affinée pour limiter les risques.
« Malheureusement, cette année, tous les départements du Poitou-Charentes, sauf la Vienne, ont irrigué sans aucune visibilité, rappelle Sylvie Renac, d'Arvalis. Nous ne pouvons donc pas vraiment parler de pilotage.
Il aurait fallu commencer l'irrigation à 10-12 feuilles mais dans les conditions climatiques exceptionnelles de l'année, ce stade est intervenu beaucoup plus tôt que d'habitude, vers le 20 mai.
Des restrictions étaient déjà en cours alors que les négociations n'avaient pas encore commencé. Les maïs ont donc subi un stress hydrique précoce.
Ensuite, les négociations et les dérogations ont eu lieu au coup par coup, regrette l'ingénieur. La création de réserves permettrait de travailler avec des volumes définis à l'avance... »
De 10-12 feuilles à 50 % d'humidité du grain
Néanmoins, lorsque cela est possible, l'objectif est d'irriguer au plus près des besoins. La plante doit pouvoir valoriser les épisodes climatiques favorables et l'alimentation en eau doit être assurée jusqu'à dix jours après la floraison femelle.
La période des besoins en eau s'étend du stade des 10-12 feuilles au stade de 50 % d'humidité du grain (45 % pour les sols superficiels), avec une période critique autour de la floraison et jusqu'au stade limite d'avortement des grains (slag), soit 250 degrés jours après la floraison (voir l'infographie).
Cette année, avec 150 mm disponibles, six irrigations de 25 mm valaient mieux que cinq irrigations de 30 mm ou que quatre de 38 mm.
Des essais à la station du Magneraud (Charente-Maritime) de 2009 et 2010 ont montré qu'un stress précoce (jusqu'aux 13-14 feuilles) est moins pénalisant pour le rendement qu'un stress à la floraison.
10 à 15 q/ha sont en jeu dans les groies si la durée des tours d'eau n'est pas assez allongée pour tenir au-delà de la floraison et avant le slag.
Cet essai a aussi prouvé l'efficacité d'une gestion raisonnée d'un volume limité plutôt qu'un arrêt brutal après un régime soutenu.
Témoignage : PASCAL MARCHAND, directeur du Domaine des pins
« J'économise 15 % d'eau avec ma station météo »
Quand Pascal Marchand est arrivé sur l'exploitation du Domaine des pins près de Bordeaux, il y a plus de cinq ans, une de ses priorités était de réduire la consommation d'eau tout en augmentant le rendement.
Grâce aux stations météo, qui ont permis d'économiser en moyenne 15 % d'eau mais aussi à la localisation de l'engrais au pied du maïs, le rendement est passé de 115-120 q/ha à 130-135 q/ha.
« Quand on met plus d'eau que nécessaire, cela refroidit nos sols sableux, provoque du lessivage et engendre un coût supplémentaire, constate-t-il. Je recherchais donc la bonne dose à mettre au bon moment. Au départ, je me servais des stations météorologiques pour gérer le risque mildiou sur pommes de terre mais, depuis deux ans, je me suis rapproché du réseau Demeter (1) et me suis intéressé à la conduite de l'irrigation. »
Maïs de consommation, doux et waxy, mais aussi haricots, pommes de terres, jeunes carottes et colza semences sont irrigués sur 550 ha. Selon le bilan hydrique et les interventions qui doivent être effectuées sur la culture (engrais, traitements phyto), la quantité d'eau d'irrigation est programmée. Neuf sondes tensiométriques sur les cinq sites représentatifs, dont les relevés sont disponibles par internet, valident les tours d'eau prévus.
« Cette technique permet vraiment d'irriguer avec précision, précise Pascal Marchand. Sur haricot par exemple, il ne faut pas trop irriguer avant floraison afin de stresser un peu la plante pour qu'elle produise plus de fl eurs mais sans l'assécher non plus. »
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(1) L'association Demeter (www.meteo-agriculture.eu) fédère des stations météo en France afin de fournir des données agrométeo à la filière agricole.
Aide à la décision : une offre variée
Pour mieux gérer la ressource en eau, plusieurs outils sont disponibles sur maïs :
• Irrinov (Arvalis et partenaires régionaux) fonctionne sur la base de mesures fournies par les sondes tensiométriques, selon les stades de la culture et les prévisions météorologiques.
• Irré-lis (dernier-né des outils d'Arvalis) est un bilan hydrique dynamique disponible sur internet. Il rend compte au quotidien du stock d'eau dans le sol. Pour cela, un bilan d'eau est réalisé entre les entrées pluies et irrigation et les sorties, la consommation en eau de la culture, l'évaporation du sol et le drainage en cas d'excès. Des prévisions sont établies sur sept jours.
• Des outils existent aussi au niveau local : Girrig, Irri-stop, Net-irrig...
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